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Article: L'ortie : Mauvaise Herbe, Bonne Alliée

L'ortie : Mauvaise Herbe, Bonne Alliée

L'ortie : Mauvaise Herbe, Bonne Alliée

Urtica dioica : celle qui brûle, celle qui protège, celle qui fortifie.

L'ortie affectionne les sols riches en azote : bordures de chemins, proximité des habitations, décombres où la terre s'est enrichie. Ses épées à elle sont des aiguillons de silice qui percent la peau d'un feu fugace. Cette brûlure n'est pas une malédiction, mais un rappel de sa vitalité minérale concentrée.

Dans les herbiers médiévaux, on la désignait par son nom latin Urtica, dérivé du verbe urere, « brûler ». Les moines copistes dessinaient ses feuilles dentelées avec une précision méthodique, documentant ses propriétés médicinales.

Flagellation & Purification

Au Moyen Âge, l'urtication - l'art de se fouetter avec des orties fraîches - était pratiquée par les ascètes pour « réveiller les humeurs endormies ». Cette pratique brutale, à mi-chemin entre pénitence et thérapeutique, visait à stimuler la circulation sanguine et à chasser les miasmes stagnants du corps. Dans les monastères, on conservait des fagots d'orties séchées suspendus aux poutres, prêts à servir lors des jeûnes du Carême.

Les Romains utilisaient déjà l'ortie en application cutanée pour ses propriétés stimulantes, une pratique documentée par Pline l'Ancien : un peu de douleur contre beaucoup de vitalité.

Alchimie Capillaire

Paradoxe botanique : l'ortie est encore aujourd'hui considérée comme une mauvaise herbe, arrachée systématiquement dans les jardins “soignés”. Son crime ? Pousser trop vite, trop fort, là où on ne l'attend pas. Pourtant, sous ses dehors hostiles, l'ortie cache une grande générosité minérale

Ses feuilles concentrent du fer en abondance, de la silice cristalline, des vitamines du groupe B : toute l'architecture moléculaire nécessaire à la synthèse de la kératine. Cette protéine fibreuse compose 95% de nos cheveux et de nos ongles, et l'ortie, comme une tisserande invisible, lui fournit les fils dont elle a besoin.

En complément alimentaire, elle agit en profondeur : fortification de la fibre capillaire, stimulation de la pousse, réduction de la casse. Les ongles, eux aussi, retrouvent leur dureté et leur brillance naturelle. 

L'ortie offre une force lente, profonde, bâtisseuse. Celle qui reconstruit, filament après filament, la matière vivante de ce corps que nous habitons.

Illustration de Walter Crane, 1906

Shakespeare, déjà, ne lui accordait guère de prestige. Dans Henry V, illustré ici par Walter Crane, il écrit : « La fraise pousse sous l'ortie / Et les baies saines prospèrent et mûrissent le mieux / Voisinées par un fruit de qualité inférieure ». L'ortie, cette voisine vulgaire de « qualité inférieure », ferait ressortir la noblesse de la fraise. L'ironie, c'est que le dramaturge avait raison sans le savoir : l'ortie protège effectivement ses voisines au jardin, enrichit le sol et repousse les parasites.

La médecine n'est pas dans la douceur seule.
Parfois, elle pique !